/ Trois questions à Valentine Colasante

Parlez-nous de ce ballet réinventé par Rudolf Noureev ?
Il est vrai que ce ballet ne ressemble pas un classique. Il est plus contemporain, notamment dans l’approche des pas de danse. La chorégraphie est plus jazz, moins codifiée qu’un grand classique. À la fin de l’Acte 1, je fais même un numéro de claquettes que j’ai appris pour l’occasion d’ailleurs. Une heure trente de cours de claquettes par jour pendant un mois. C’était très enrichissant. Dans ce Cendrillon, je danse aussi avec un porte-manteau. Noureev a transposé l’histoire dans le 7e art, à Hollywood, plus précisément. Mais ça reste une Cendrillon pas très éloignée du conte et surtout ça démontre qu’elle est très moderne, intemporelle, dans l’air du temps. Toutes les petits filles rêvent de Cendrillon.

Que pensez-vous de la captation des ballets pour le cinéma ?
Je trouve ça très bien. Ça ouvre la danse classique qu’on trouve en général assez élitiste à un grand public. C’est une très bonne chose. Je suis une grande passionnée de danse, alors quand tout est fait pour qu’elle se démocratise, je suis ravie. Les captations sont réalisées en temps réel, dans nos conditions de tous les jours, du coup, nous arrivions à oublier les caméras. Et tant mieux, si à travers le grand écran, nous arrivons à transmettre des émotions. Le ballet a été tourné le 31 décembre dernier, maintenant que j’ai un peu de recul, j’irai moi-même le voir au cinéma.

Quelle est la journée type d’une danseuse étoile de l’Opéra de Paris ?
Je commence toujours par les gammes puis j’ai un cours de danse à 10 h jusqu’à environ 11 h 30. Je préfère avoir ce premier créneau. Ce cours est essentiel car il permet de décrasser le corps, de se recentrer, de se calmer. Notre métier est fait de douleurs et de fatigue, ce rituel est donc très important. Ensuite, l’après-midi est consacré aux répétitions des spectacles, entre 12 h et 19 h ou parfois 16 h, ça dépend des ballets. Puis maquillage à 17 h 30 et le public arrive à 19 h 30. Nous faisons cela six jours sur sept, mais au fond il n’y a pas beaucoup de routine car nous changeons de production tous les deux mois. J’adore ça, car à chaque fois, ce sont de nouvelles chorégraphies. J’accepte toutes les expériences, classiques ou contemporaines, car pour moi le plus important, c’est de danser, une passion que j’ai depuis que je suis toute petite. J’ai commencé par l’initiation à 4 ans, et à 14 ans, j’ai su que c’était cela que je voulais faire dans le vie. Bien sûr, il y a des compromis à faire, mais c’est partout pareil. Moi, je suis heureuse quand je danse.