Marguerite Hubert n’est pas née à Vaires-sur-Marne, mais à Chelles en 1921 et pourtant c’est à notre commune qu’elle a décidé d’offrir son appartement de Vincennes. Il est vrai qu’entre elle et notre ville, c’est une belle page d’histoire qui s’est écrite. Aujourd’hui encore, elle aime raconter ses souvenirs et ressortir des classeurs dans lesquels on y retrouve des photos, des articles de journaux et de nombreux documents retraçant toute sa vie, de son enfance à Vaires-sur-Marne à maintenant.
Arrivée vers l’âge de 10 ans rue de Chelles, dans la maison du grand verger en face de l’église, (où se trouve aujourd’hui la halle du marché), Marguerite Hubert, avec ses deux frères et ses parents, a connu d’heureux moments entre l’école, située à l’époque à la mairie et les jeux dans son jardin. Lorsque sa mère disparaît après une longue maladie, son père, imprimeur de renom, rachète le pavillon Louis-XIII à l’occasion de son deuxième mariage. Elle se souvient d’avoir quitté la maison rue de Chelles un matin, d’avoir été à l’école et d’avoir emménagé boulevard de Lorraine l’après-midi même. « Et tout ça à pied », sourit-elle.
Des souvenirs, elle en a plein à Vaires-sur-Marne : ses virées au canal avec son père et ses frères, le billard dans le sous-sol du pavillon Louis-XIII, l’apprentissage de la botanique, « j’adore les arbres, je connaissais toutes les espères du jardin par cœur », dit-elle encore, la lecture de ses magazines Lisette ou La semaine de Suzette…
Après son enfance passée à Vaires-sur-Marne, elle part à Meaux faire ses études. Elle obtient son Baccalauréat en philosophie en 1940, et devient diplômée d’État infirmière à Paris. Son arrivée dans le monde du travail coïncide avec la Seconde guerre mondiale. Elle se retrouve d’ailleurs infirmière au Vélodrome d’hiver, théâtre de la tristement célèbre rafle. Puis, celle qui veut découvrir la province, se retrouve en Normandie sur le front dès 1944, entre Allemands et Canadiens. Après la guerre, elle reprend des études et obtient son diplôme d’État belge d’assistante sociale à Bruxelles où elle reste 10 ans.
L’Afrique
Au début des années 60, Marguerite Hubert part au Congo et participe à l’ouverture d’un dispensaire à Poto-Poto, un des plus anciens quartiers populaires centraux de Brazzaville. Jusqu’en 1971, elle est travailleuse sociale dans divers quartiers de la capitale congolaise puis infirmière dans des dispensaires de brousse au Rwanda.
De 1971 à 1985, elle part pour la Haute Volta, devenue entre-temps le Burkina Faso et devient conseillère pédagogique et enseignante à l’école nationale de service social à Ouagadougou.
En 1979, elle crée l’Association voltaïque pour la promotion des aveugles et des mal voyants, elle en fait sa grande cause, aujourd’hui encore.
À son retour d’Afrique, Marguerite Hubert suit une formation dans le domaine de l’économie sociale et finit sa carrière au Ministère des relations extérieures dans le service Coopération et développement. En 1988, elle présente un mémoire à la Sorbonne et 11 ans plus tard, en 2009, publie le livre sur les 30 ans de son association qu’elle continue de soutenir.
Au service des autres
Lorsqu’elle raconte son parcours, on constate à quel point sa vie a été riche et, surtout, au service des autres. Aujourd’hui, Marguerite Hubert vit seule à Vincennes. Jamais mariée, elle n’a pas d’héritier. Du coup, après une longue réflexion, elle a décidé de léguer à la Ville qui l’a vue grandir son appartement de Vincennes pour que ce legs serve à entretenir le Pavillon Louis-XIII.
« En fait, j’ai eu une intuition et je me suis dit que je me devais de maintenir l’œuvre de papa qui a pris soin du pavillon Louis-XIII pendant des années. Je fais donc don de mon appartement à la Ville afin que celle-ci continue d’entretenir ce bâtiment historique », explique Marguerite Hubert.